Des millions de Syriens vivent de l’espoir que l’annonce de la levée des sanctions européennes et américaines changera leur vie. Pour beaucoup, le sommet de l’État importe peu tant qu’il se charge d’adoucir le calvaire économique et social qu’ils subissent depuis 2011. Le soulagement était donc palpable, le 13 mai 2025, quand Donald Trump a annoncé, depuis l’Arabie Saoudite, que les États-Unis mettraient fin à une grande partie de leurs mesures coercitives contre Damas, avant d’être suivi par le Conseil européen une semaine plus tard.
Il faut dire que le pays est ravagé : le taux de pauvreté est passé de 33 % avant la guerre à 90 % aujourd’hui, l’approvisionnement en eau, le système électrique, le système de santé, tout est est à terre, et l’arrivée de l’ancien chef d’Al Quaeda à la tête du pays n’y changerait rien sans le desserrement de l’étau international qui a accompagné la déréliction du pays.
Ce qui était hier encore une conspiration d’extrême droite est devenu l’évidence absolue depuis la chute de Bachar Al Assad : les sanctions tuent. Les sanctions détruisent. Les sanctions terrorisent. Qu’on se souvienne que ceux qui portaient ce message l’année dernière étaient conspués, assimilés aux pires exactions. L’humanisme partiel et partial aura encore donné une savante leçon aux observateurs : celui qui vit dans un régime honni peut bien crever de faim, son malheur est tolérable ; celui qui vit dans un régime favorisé ne peut manquer de tout sans mériter la sollicitude internationale. Horreur de la pitié partisane.
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